La guerre fait autant partie de l’œuvre que de la vie d’Yves Gibeau. Né en 1916 de père inconnu (un soldat au repos dans la Marne), il passe une partie de son enfance sous l’uniforme. D’abord enfant de troupe, il est mobilisé en 1939 et rapidement fait prisonnier de guerre avant d’être rapatrié d’Allemagne en 1941.
Chansonnier, journaliste, romancier, l’homme de lettres nourrit pour la chose militaire une aversion quasi viscérale.
Celle-ci est particulièrement prégnante dans son ouvrage le plus connu, Allons z’enfants, paru en 1952. Dans ce récit, Yves Gibeau raconte l’histoire d’un jeune garçon de 13 ans, fils d’un adjudant à la retraite, contraint d’entrer comme enfant de troupe dans une école préparatoire militaire de Normandie. L’adolescent, rétif à la discipline militaire, endure la violence et le sadisme de sous-officiers aussi bêtes que mauvais. Violente critique de l’obéissance servile et de l’absence de sens critique exigées par l’uniforme, le roman connut à l’époque un franc succès et fut salué par la critique.
Dans le Canard enchaîné, René Fallet écrivait : « Vous connaîtrez de suprêmes extases, de voluptueux frissons, voire des spasmes de joie en lisant Allons z’enfants… »
Si Yves Gibeau n’est pas natif de l’Aisne, il s’est installé en 1981 dans l’ancien presbytère de Roucy, au pied du Chemin des Dames, souvent évoqué dans son oeuvre romanesque.
Il s’est éteint le 17 octobre 1994 et repose dans le cimetière de l’ancien village de Craonne.
« Allons Z’enfants » paru chez Calmann-Lévy en 1952 a été adapté au cinéma en 1981 par Yves Boisset.
C’est le 1er rôle au cinéma pour le jeune belge Lucas Belvaux qui incarne le jeune Simon Chalumot aux côtés de Jean Carmet qui joue le rôle de son père, adjudant à la retraite.