Publié le 25 jan 2022 - Mis à jour le
Les Unités territoriales d’action sociale (UTAS) animent des réseaux collaboratifs où se retrouvent de nombreuses associations engagées dans des actions d’économie sociale et solidaire. La collecte de matériaux et matériels pour un ré-usage responsable s’y implante durablement et offre notamment de nouvelles opportunités pour lutter contre l’illectronisme.
« Les bouchons sont récupérés par l’association “Les bouchons d’amour“ qui agit en faveur des personnes en situation de handicap, ils viennent les collecter toutes les six semaines environ, le temps qu’un grand bidon soit rempli par les dons. » explique Nora Ahmed-Ali, chargée d’insertion et référente de la “ressourcerie“ à l’UTAS de Saint-Quentin. Bouchons, lunettes, jouets, vêtements, articles de puériculture et matériel scolaire usagé (stylos, feutres, tubes de colle…), plusieurs Utas de l’Aisne font la collecte de ces articles comme à Château-Thierry ou à Soissons où l’association Présédys s’occupe spécifiquement des collectes en matériel scolaire, un éco-geste dont la finalité est de permettre à des élèves et étudiants porteurs de troubles “dys“ de bénéficier de matériel adapté à leur handicap.
COLLECTER ET REDISTRIBUER
« Nous travaillons avec un réseau d’associations locales porteuses de projets comme ADF02 qui porte le chantier d’insertion “Recycl’jouets“ à Guise. Les Centres sociaux et Enfance et Partage récupèrent des pots en verre pour faire des confitures et des bougies, l’association “Amis sans frontière“ récolte quant à elle des vêtements pour bébé et de la laine pour le tricot . » Les bijoux fantaisies sont aussi récupérés ainsi tout ce qui peut servir dans le cadre d’ateliers créatifs comme les « Ateliers de l’amitié » à Gauchy.
Chez d’autres associations comme « Résonnances solidaires » à la Cité des Aviateurs de Saint-Quentin, ce sont des rencontres baptisées “Bricol’Café“ qui sont organisées tous les mois pour donner une deuxième vie à des appareils électroménagers mais aussi des ordinateurs ou des téléphones.
« On a constaté que précarité sociale et précarité numérique vont souvent de pair » annonce Juliette Darroussez d’Emmaüs Connect lors de sa présentation aux associations partenaires de l’UTAS de Saint-Quentin. Depuis neuf ans, cette structure lutte contre la fracture numérique en construisant un réseau de points d’accueil pour les bénéficiaires et de structures aptes à devenir des “relais numériques“. Le but ? Proposer un accompagnement dans les usages du numériques et une offre économique en termes d’équipement et de connexions grâce à un partenariat avec SFR pour négocier des cartes prépayées à petits prix. « Il ne s’agit pas que d’une aide matérielle. On constate que beaucoup de personnes ne sont pas en autonomie avec un smartphone ou un ordinateur. La sauvegarde de leurs données, la sécurité, la gestion des comptes et des mots de passe… tout cela pose problème. »
TECH À BAS COÛT
Connecter, équiper et développer les compétences, voilà donc les trois points qu’Emmaüs Connect met en avant. La collecte d’appareils pour les reconditionner reste un enjeu clé dans le déploiement de ce programme. A l’image de “Solidatech“, plateforme de reconditionnement à destination des associations, Emmaüs Connect recherche des filières de collecte, comme les entreprises et les administrations qui renouvellent leur parc matériel, mais aussi des structures à même de les reconditionner en garantissant l’effacement des données car c’est un point essentiel pour les donateurs.
La plateforme-outil “lacollect.tech“ a été spécialement créée pour faciliter la qualification des dons, la valorisation de l’impact et la traçabilité́. « Nous avons aussi à cœur de proposer des équipements récents. Les ordinateurs reconditionnés doivent pouvoir tourner sous Windows 10 par exemple, ce serait inutile d’équiper les bénéficiaires avec du matériel obsolète sur lequel les applications récentes ne pourraient pas fonctionner. » Reste que ce matériel doit être proposé à moindre coût. A titre d’exemple, un ordinateur reconditionné offrant des performances optimum peut être ainsi proposé au prix démocratique de 150 €. Une carte prépayée mobile+internet 4Go est accessible à partir de 6 €, aussi pour les personnes mineures, sans justificatif d’identité, de domicile ni de revenus. Ces offres ne sont pas destinées au grand public mais bien aux personnes qui sont déjà connues des structures sociales et engagées auprès d’elles dans des actions d’insertions.
Emmaüs Connect met actuellement en place un "Recensement des besoins des acteurs sociaux 2022" via un questionnaire en ligne à destination des structures associatives et institutionnelles. Sur le territoire axonais où 17 % de la population est en situation d’illectronisme, le projet « Ruralité connectée » qui mobilise 3 conseillers numériques, est également une opportunité à saisir pour les structures du territoire qui souhaitent mettre en œuvre des services d’inclusion numériques et développer un réseau solidaire de collecte, reconditionnement et distribution de matériel.
