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L’Aisne anticipe le risque des feux de forêt

Coordonné par le SDIS de l’Aisne, un exercice d’envergure mobilisant 140 pompiers et deux appareils aériens de la sécurité civile s’est déroulé en forêt de Retz. 

Exercice de prévention des feux de forêt

Les changements climatiques ont considérablement étendu les zones où les feux de végétations peuvent se déclencher. Le récent incendie qui a ravagé 17 hectares de marais à Sacy dans l’Oise le prouve bien, la région des Hauts de France n’est plus à l’abri de ce genre d’événements. Sur la seule année 2024, la région Hauts de France a connu 58 feux d’espace naturels. Dans l’Aisne, on peut citer parmi les sinistres les plus étendus ceux de Fontaine-Notre-Dame où un feu majeur a touché 10 hectares, et Vierzy où 8 hectares ont été réduits en cendres.  Pour les services départementaux d’incendie et de secours, il s’agit d’être prêt et de pouvoir coordonner des interventions d’envergure à l’échelle interdépartementale comme le prévoit le “Pacte capacitaire“, outil de coopération territoriale voté en 2021 

Hélicoptère bombardier d'eau

L’exercice mis en œuvre depuis le centre de secours de Villers-Cotterêts ce jeudi 15 mai donnait une idée des moyens à déployer :  

  • 140 sapeurs-pompiers de la zone Nord, c’est-à-dire les SDIS de l’Aisne, Oise, Somme, Nord et Pas-de-Calais,  
  • 125 engins engagés au sol,  
  • un nouveau véhicule de poste de commandement,  
  • 4 drones  
  • un avion DASH 8 et un Hélicoptère bombardier d’eau CH46 Seaknight venus des bases de Nîmes et d’Avignon.  

Cet exercice illustrait également l’engagement du SDIS de l’Aisne en matière de prévention et de formation. Le volet pédagogique de l’opération concernait notamment l’intégration d’un stage FDF3 pour les futurs chefs de groupes spécialisés. La prévention des incendies de forêt étant aussi au cœur des missions de l’Office National des Forêts (ONF), une équipe nombreuse était également sur place. 

Scénario catastrophe

exercice feu de forêt

Avant le lancement des opérations, l’assistance est informée des conditions météorologiques imaginées pour les besoins de l’exercice : nous sommes au mois de juillet 2025, le massif forestier connaît une température ambiante de 35°, le taux d’humidité dans l’air est en dessous de 30 % et le vent souffle à une vitesse de 30km/h.

« C’est la règle des trois 30, explique le colonel Fabien Didier qui dirige le SDIS de l’Aisne. 30° ou plus, 30 % d’humidité ou moins et un vent de 30 km/h ou plus. Quand ces trois facteur sont réunis, la zone passe en “risque sévère“ et en vigilance rouge. Plus ces conditions vont durer dans le temps, plus le risque augmente. » La zone touchée par le feu est située en bordure de l’allée royale qui descend en ligne droite vers le château de Villers-Cotterêts.  

Action !

Exercice feu de forêt

Les engins se déploient en bon ordre pour circonscrire la zone et l’hélicoptère CH46 Seaknight décolle, lesté de son “bambi-bucket“, une poche souple remplie de 5000 litres d’eau qu’il a prélevé dans l’étang du château de Montgobert. Ce type d’hélicoptère est particulièrement efficace pour les zones difficiles d’accès ou quand il faut opérer une frappe de précision. Car un largage d’eau peut être fatal pour toute personne qui serait sur la zone.

Il ne s’agit pas d’une petite douche mais de 5 tonnes d’eau qui peuvent littéralement vous écraser au sol, d’où la nécessité d’une reconnaissance avant largage et d’un appui radio permanent entre les équipes au sol et les pilotes. Après 4 passages de l’hélico, c’est au tour du DASH 8 d’entrer en piste. Il a fait le plein de 10 000 litres d’eau lors de son transit à l’aéroport de Méaulte dans la Somme, le seul de la région à être certifié “pelicandrome“. Il a la capacité de fractionner le contenu de sa cale et va donc faire lui aussi plusieurs passages, lâchant à chaque fois un impressionnant nuage d’eau qui laisse l’allée royale dans une brume persistante.

Exercice feu de forêt

Dernière étape de l’exercice : le déploiement d’un mur d’eau pour bloquer la progression d’un feu. 14 véhicules sont positionnés sur la route du faîte avec une lance en action et un écran rideau d’eau mobile. En quelques instants, la route forestière disparaît presque derrière le mur d’eau sur lequel viendrait mourir n’importe quel feu. 

« Cette journée démontre l’importance de la coopération dans la lutte contre les incendies de forêts, car un feu ignore les frontières départementales » a souligné David Bobin, président du SDIS de l’Aisne. « L’exercice illustre parfaitement ce à quoi nous devons parvenir : une réponse collective, interconnectée avec le déploiement des forces de tous les SDIS de la zone Nord et l’appui des moyens nationaux. C’est aussi une reconnaissance pour le SDIS de l’Aisne qui a montré qu’il montait en gamme en termes d’équipements et de professionnalisation grâce aux financements issus du pacte capacitaire et à l’appui du Conseil départemental de l’Aisne. »