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Résistance et déportation : au chevet des collections

Plus de 8 000 pièces des collections du musée de la Résistance et de la Déportation de Tergnier ont rejoint les Archives départementales de l’Aisne pour leur conservation et leur mise en valeur dans la future muséographie. Des armes, des systèmes de sabotage, du matériel d’espionnage et même le porte-documents d’Hermann Göring, on y trouve de vrais trésors. 

 

Les collections du Musée de Tergnier sont conservées au CABA©CD02

« Alors ça, c’est un stylo-pistolet qui envoie une cartouche de gaz lacrymogène, pratique pour se sauver en cas d’arrestation par la Gestapo. Et comme beaucoup de nos objets, il a fait l’objet d’un troc. La personne qui le détenait nous l’a échangé contre deux douilles d’obus. Pour moi il était clair que l’on gagnait au change ! »

Stylo-pistolet©CD02

Hélène Luisin redécouvre l’un des objets phare du musée de la Résistance et de la Déportation dont elle s’est occupée pendant de longues années avant de diriger le service départemental de l’Office national des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG). Cet objet étonnant a été présenté lors d’une visite des collections départementales associant Nicolas Fricoteaux, le président du Conseil départemental de l’Aisne, Fanny Anor, préfète de l’Aisne, et les représentants du monde des anciens combattants et de la mémoire.

Retrouvailles

Les collections du CABA©CD02

Pour Benoît Guérin, président de l’Association des amis du musée de Tergnier et petit-fils d’Etienne Dromas, son fondateur, ce sont également des retrouvailles avec ces milliers d’objets et documents qui étaient exposés dans l’ancienne version du musée. « Quand mon grand-père a créé l’association en 1982, il a lancé un appel aux dons et ce fut un vrai succès ! Au fil des ans les familles de résistants nous ont confié en tout plus de 8 000 pièces, avec derrière une attente très claire : il fallait que ces objets soient exposés. C’est pour cette raison que nous avions tant et tant d’objets, documents et uniformes qui occupaient nos vitrines. Si quelque chose était donné, il fallait qu’il soit montré. » 

Souvenir des camps

Pistolet mitrailleur STEN©CD02

Parmi les pièces emblématiques, on retrouve également un minuscule appareil photo typique des instruments d’espionnage et la fameuse traction avant Citroën qui trônait dans la salle principale. Des armes sont aussi conservées et en grande quantité ! Notamment le célèbre pistolet-mitrailleur britannique STEN, le modèle le plus simple et le moins cher à fabriquer qui deviendra vite l’arme de prédilection de la Résistance.

Énigmatiques, quelques briques marquées d’inscription sont aussi présentées. Elles ont été récupérées dans les fours crématoires de différents camps de concentration. Avec la veste de déporté rayée reconnaissable au premier coup d’œil, ces artefacts auront le lourd devoir d’évoquer la déportation dans le futur parcours muséographique du nouveau musée.  

Prise de guerre

Porte-document d'Hermann Göring©CD02

Clou du spectacle, un grand porte-documents en cuir affiche sur sa couverture en lettre métallique un nom qui ne laisse personne indifférent : Hermann Göring. « En l’occurrence, il s’agit d’une prise de guerre » explique Charlotte Boutant, responsable des collections départementales. « Nous avons les documents qui authentifient ce porte-documents comme étant bien celui du Reichsmarschall Göring qui s’est rendu en mai 45 à l’adjoint au commandant de la 36e division d’infanterie du Texas alors qu’il séjournait dans la villa d’Adolf Hitler en Bavière. »

 

Pour la petite histoire, il est toujours bon de rappeler qu’Hermann Göring était l’un des plus proches collaborateur du Führer et qu’il s’est notamment distingué en accumulant une fortune gigantesque à coups de pressions, rackets internes au régime et spoliation des biens juifs. Condamné à mort lors du procès de Nuremberg, il se suicida en avalant une capsule de cyanure.