1939-1945 : Le monument des Déportés-Patriotes de Château-Thierry
Symbole du souvenir des déportés de Château-Thierry, le monument qui leur est dédié non loin des rives de la Marne rappelle leur histoire à travers l’évocation des noms qui sont gravés sur ses flancs. Royallieu, Auschwitz, Buchenwald, Dachau, Neuengamme, Mauthausen, Nordhausen, Flossenbürg, Ravensbrück, Rawa-Ruska sont autant de lieux où les déportés de l’arrondissement de Château-Thierry durent supporter les souffrances des camps nazis et où beaucoup perdirent la vie.
Les premières victimes de la répression nazie (1942-1943)
Le département de l’Aisne, comme beaucoup d’autres, fut touché par la répression nazie durant la Seconde Guerre mondiale, et l’arrondissement de Château-Thierry fut affecté par de nombreuses tragédies individuelles, en particulier de résistants déportés, qui font désormais partie de la mémoire collective. Afin de mieux comprendre leurs histoires, il est important de saisir que les premières années de l’occupation furent marquées par une répression visant à arrêter toute personne ne se soumettant pas aux consignes du haut-commandement des troupes allemandes en France, les opposants et les premiers actes de « terrorisme » des résistants étant sévèrement réprimés. Ceux-ci pouvaient aller de la simple détention illicite d’armes aux actes de sabotages avérés et aux attentats sur les soldats allemands, et les peines encourues étaient souvent la condamnation à mort ou la déportation. Afin de mieux connaître les victimes de cette répression qui vivaient ou étaient originaires de l’arrondissement de Château-Thierry, nous avons choisi de suivre la chronologie des départs de ces hommes et de ces femmes qui furent déportés, mais les informations les concernant restent toutefois souvent lacunaires.
Afin de comprendre dans quel cadre chronologique ces déportations s’intègrent, il est important avant tout de saisir comment et pourquoi cette logique répressionnaire se met en place durant la Seconde Guerre mondiale. Durant l’été 1941, en réponse aux sabotages qui se multiplient suite à l’invasion de l’Union soviétique, le général Otto Von Stülpnagel, commandant des troupes d’occupation en France (MBF), signe le 14 août 1941 un décret rendant passible de la peine de mort toute activité communiste. Les attentats se poursuivant, une « politique des otages » est alors mise en place afin de contraindre les résistants communistes au silence, renforcé le 16 septembre 1941 par le décret Keitel qui ordonne l’exécution de 50 à 100 otages communistes par soldat allemand tué. La « politique des otages » ne pouvant être efficace sur le temps long et risquant de tendre les rapports entre la population civile et les troupes allemandes, les autorités d’occupation allemande décidèrent alors de déporter les résistants communistes arrêtés ainsi que les Juifs, désignés comme responsables des attentats. En juin 1942, l’entrée en fonction de Karl Oberg, chef suprême des SS et de la Police pour la France, va marquer un tournant dans la répression de la Résistance. L’une des premières victimes de cette politique sera ainsi Maurice Raimond, né le 21 septembre 1899 à Château-Thierry, membre du Parti communiste depuis 1932 et impliqué dans le Secours Populaire de France. Arrêté le 6 décembre 1940 par la Police française et incarcéré à Clairvaux, il est transféré au camp de Compiègne-Royallieu le 22 mai 1942 et sera déporté du camp de Royallieu le 6 juillet 1942 dans le convoi dit « des 45 000 » à destination d’Auschwitz, où il décèdera le 19 septembre 1942.
A partir de janvier 1943, la déportation massive des résistants est désormais privilégiée vers les camps de concentration par les autorités d’occupation allemande afin de réprimer durement la Résistance tout en augmentant la main-d’œuvre concentrationnaire nécessaire à l’effort de guerre du Reich. Plusieurs résistants seront ainsi déportés vers les camps de Sachsenhausen, Mauthausen ou Buchenwald, comme c’est le cas de Pierre Soyeux, né le 19 juin 1913 à Coucy (Ardennes), domicilié à Château-Thierry, qui est déporté du camp de Royallieu le 24 janvier 1943 à destination de Sachsenhausen où il décèdera le 9 juin 1944. Trois mois plus tard, c’est le tour d’Adrien Cottin, né le 10 février 1903 à Etampes-sur-Marne. Déporté du camp de Royallieu le 16 avril 1943 à destination de Mauthausen, il décèdera au kommando de Wien-Schwechat le 18 octobre 1943. Le 20 avril 1943, un nouveau convoi part de Compiègne-Royallieu à destination de Mauthausen. Parmi les déportés, Louis Dorlac, né le 22 novembre 1900 à Marigny-en-Orxois, chef de la résistance de La Ferté-sous-Jouarre, et André Renac, né le 24 février 1924 à Viels-Maisons. Si le premier parvient à survivre au kommando du tunnel de Loibl-Pass et est libéré par les Britanniques en 1945, le second y laissera la vie en avril 1945. Le 2 septembre 1943, Yves Crépin, né le 29 mai 1922 à Montmirail (Marne), et résidant à Montlevon, sera à son tour déporté vers le camp de Buchenwald puis celui de Mittelbau-Dora et sera tué au cours du massacre de Gardelegen ; et Robert Perroche, né le 15 avril 1922 à Grisolles, sera déporté le 28 octobre 1943 et décèdera à Dora le 9 janvier 1944.
Jugeant insatisfaisante la politique de répression mise en place par les autorités d’occupation allemande en France, Adolf Hitler exigea au cours de l’année 1941 la peine de mort pour les résistants jugés par les tribunaux militaires ou la déportation, et c’est ainsi que le décret « Nacht und Nebel » (ou « NN ») vit le jour, ordonnant la déportation de tous les ennemis ou opposants du Troisième Reich. Signé par le maréchal Keitel le 7 décembre 1941, cette procédure spéciale autorisait en effet le transfert en Allemagne de toute personne représentant « un danger pour la sécurité de l’armée allemande », en vue de les mettre au secret le plus total et les faire disparaître sans que le lieu de leur détention ou leur sort soit connu de leur famille. Plusieurs résistants du sud du département de l’Aisne seront frappés par cette mesure, à commencer par Georges Velez, né le 14 août 1923 à Paris (Seine) et domicilié à Mont-Saint-Père. Déporté « NN » de Paris le 4 juin 1943 à destination de Hinzert, il sera incarcéré dans les prisons de Wittlich, Breslau puis transféré au camp de Gross Rosen, Dora puis Bergen-Belsen où il sera libéré le 15 avril 1945. Deux autres résistants connurent le même sort en étant déportés « NN » de Paris le 22 novembre 1943 : Pierre Bazin, né le 3 mai 1919 à Nogent-l’Artaud, qui rejoindra le camp de Buchenwald puis Natzweiler-Struthof et trouvera la mort le 23 avril 1944 à Bergen-Belsen ; et Maurice Henry, né le 26 janvier 1913 à Nogent-l’Artaud, qui rejoindra le camp de Sarrebrück (Neue Bremm) puis Buchenwald d’où il sera rapatrié le 11 avril 1945.
Au début de l’année 1944, un autre résistant sera déporté « NN » de Paris, le 24 février 1944. Envoyé au camp de Natzweiler-Struthof, André Rousseau, né le 30 septembre 1901 à Château-Thierry, sera ensuite affecté au camp de Dachau où il décèdera le 7 mars 1945. Un autre résistant castelthéodoricien subira le même sort : Edmond Dugay, né le 10 décembre 1914 à Château-Thierry. Ouvrier de la SNCF au dépôt de Château-Thierry et réfractaire au S.T.O., il était entré en clandestinité en 1942, organisant et participant à de nombreux sabotages dans l'Aisne, les Ardennes et le Nord. Arrêté le 21 avril 1944 à Tourcoing, il est condamné à deux mois de prison mais accusé d’intelligence avec l’ennemi, il est traduit devant une cour spéciale en Allemagne dans le cadre de la procédure « NN » et déporté le 12 août 1944 à la prison Saint-Gilles de Bruxelles puis à la prison d'Ebrach. Interné le 8 mars 1945 au camp de Flossenbürg, il sera affecté en kommando de travail à Dresde puis à Lobovitz, où il meurt le 29 avril 1945 dans une des marches de la mort. Un dernier résistant sera également déporté « NN » bien que les dates de sa déportation ne soient pas connues : Robert Quatrevaux. Né le 6 octobre 1922 à Château-Thierry, domicilié à Mont-Saint-Père, il est déporté « NN » à destination de Hinzert puis incarcéré dans les prisons de Wittlich, Breslau avant d’être transféré au camp de Gross Rosen et enfin Dora (kommando de Nordhausen). C’est dans ce camp qu’il décèdera le 4 avril 1945.
Quand commence l’année 1944, la répression menée par les troupes d’occupation allemande et leurs services de sécurité s’accroît encore à mesure que l’activité des mouvements et réseaux de résistance se renforce et se structure. A chaque nouveau sabotage de voies ferrées, de canaux, de lignes à haute tension, des opérations de police, des perquisitions et des enquêtes poussées ont lieu. Celle-ci permettent souvent de démanteler des réseaux et d’arrêter des résistants rapidement destinés à rejoindre la main d’œuvre concentrationnaire. C’est ainsi que continuent d’être envoyés au camp de Compiègne-Royallieu de nombreux résistants comme Jean Guerbette, né le 30 avril 1910 à Château-Thierry, et Lucien Harancot, né le 1er octobre 1922 à Château-Thierry. Tous deux seront déportés le 17 janvier 1944 à destination du camp de Buchenwald auquel Lucien Harancot ne survécut pas, tandis que Jean Guerbette sera libéré le 5 mai 1945 au camp de Mauthausen. Le 22 janvier 1944, un autre train part de Compiègne à destination de Buchenwald avec à son bord Maurice Aubry né le 1er février 1904 à Rozet-Saint-Albin, et Lucien Pommeau, né le 24 février 1922 à Château-Thierry. Si le premier connut ensuite les camps de Mauthausen, Melk puis Ebensee avant d’être libéré le 6 mai 1945, le second meurt d’épuisement au kommando de Dora-Nordhausen le 13 mars 1945.
Le 27 janvier 1944, ce sont sept résistants du sud de l’Aisne qui seront à leur tour déportés du camp de Royallieu à destination de Buchenwald. Tous n’auront cependant pas le même destin :
André Autiquet, né le 24 avril 1890 à Beaune (Côte d’Or), domicilié à Saint-Agnan. Il survivra au camp de Buchenwald et sera rapatrié le 11 avril 1945.
René Becard, né le 11 janvier 1908 à Epaux-Bézu. Affecté au camp de Dora, il sera rapatrié de Bergen-Belsen le 15 avril 1945.
Henri Bimont né le 3 mai 1914 à Saulchery. Affecté au kommando de Wansleben, il décède le 27 mars 1944 à Buchenwald.
Pierre Dehan, né le 17 juin 1904 à Barzy-sur-Marne. Affecté au camp de Dora, il sera rapatrié à la Libération.
René Gaillard, né le 19 février 1923 à Saint-Cyr-sur-Morin (Seine-et-Marne) et domicilié à Viels-Maisons. Affecté au kommando de Wansleben puis de Plömnitz, il sera rapatrié de Plömnitz-Leau le 14 avril 1945.
André Gaillard, né le 9 février 1892 à Chézy-sur-Marne et domicilié à Viels-Maisons. Il survivra au camp de Buchenwald et sera rapatrié à la Libération.
Lucien Rivet, né le 16 mai 1921 à La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) et domicilié à Viels-Maisons. Affecté au camp de Dora, il y décède le 26 décembre 1944.
En avril 1944, deux autres résistants originaires du sud de l’Aisne seront déportés à leur tour : André Paquot, né le 8 novembre 1910 à Château-Thierry, et André Mathieu, né le 27 septembre 1923 à Fontenelle-en-Brie. Résistant à Clermont-Ferrand, le premier sera déporté au camp de Royallieu le 6 avril 1944 et décèdera au camp de Mauthausen le 10 juillet 1944 à la suite d’un bombardement américain, tandis que le second, déporté le 27 avril 1944 à destination d’Auschwitz, connaîtra les camps de Buchenwald, Flossenbürg et enfin Gross Rosen où il succombera le 24 février 1945.
Le 12 mai 1944, un groupe de quatre résistants de l’arrondissement de Château-Thierry sera à son tour déporté du camp de Compiègne-Royallieu à destination du camp de Buchenwald. A bord de ce train, on trouve Marceau André, né le 6 septembre 1912 à Nogent-l’Artaud et domicilié à Essômes-sur-Marne, Roland Perrin, né le 18 novembre 1917 à Chierry, Léon Lemoine, né le 29 janvier 1896 à Paris (Seine) et son fils Jacques Lemoine, né le 19 juin 1926 à Maisons-Alfort (Seine), tous deux domiciliés à Saulchery et arrêtés pour faits de résistance le 23 juillet 1943. Transférés au camp de Dora, Marceau André et Jacques Lemoine connaîtront le kommando de Ellrich où ce dernier succombera le 1er avril 1945. Roland Perrin sera libéré le 11 avril 1945 et Marceau André le 15 avril 1945 à Bergen-Belsen. Quant à Léon Lemoine, il sera affecté au kommando de Harzungen où l’on perd sa trace.
Au printemps 1944, l’activité de la Résistance se densifie davantage à l’approche du débarquement allié, et les nombreux vols de nuit au-dessus de la région afin de larguer des containers d’armes, de matériel et de munitions auprès de la résistance axonaise ne passent pas inaperçus. Malgré la forte pression des troupes d’occupation allemande, les résistants du groupe de Georges Thunière à Fère-en-Tardenois décident de tenter de récupérer un parachutage afin d’armer les résistants de la région, mais dans la nuit du 8 au 9 mai 1944, à Villers-sur-Fère, au retour du terrain de parachutage, neuf résistants de ce groupe sont arrêtés et incarcérés à Château-Thierry où ils sont interrogés. Transférés à la prison de Saint-Quentin, ils sont ensuite conduits au camp de Compiègne-Royallieu d’où ils partiront le 4 juin 1944 à destination du camp de Neuengamme, dont tous ne revinrent pas (un monument sera inauguré en leur honneur à Villers-sur-Fère en 1946, et une borne Aisne Terre de Mémoire y relate leur histoire) :
Albert Bayard, né le 11 février 1908 à Mons-en-Barœul (Nord), domicilié à Villers-sur-Fère, sera affecté au camp de Sandbostel et y sera libéré le 29 avril 1945.
René Deneuville, né le 26 janvier 1914 à Fère-en-Tardenois. Envoyé en kommando à Wattenstedt il travailla aux usines Hermann Goering (grosse métallurgie pour l’armement), mais transféré sur Ravensbrück, il succombera d’épuisement à l’infirmerie le 29 avril 1945.
Louis Deslandes, né le 4 janvier 1911 à Paris et domicilié à Fère-en-Tardenois, sera affecté au kommando de Hannover-Stöcken et décédera le 3 mai 1945 parmi les 7 500 déportés embarqués à bord du « Cap Arcona » et bombardé dans la baie de Lübeck.
Robert Dubois, né le 26 décembre 1919 à Oulchy-le-Château et domicilié à Villers-sur-Fère, sera lui-aussi affecté au kommando de Hannover-Stöcken, mais atteint de dysenterie, il meurt d’épuisement à Hannover le 20 mars 1945.
Pierre Jacquet, né le 6 décembre 1917 à Fère-en-Tardenois, décédera au camp de Neuengamme le 1er mars 1945.
Arsène Lechat, né le 3 juillet 1896 à Moisdon-la-Rivière (Loire-Atlantique) et domicilié à Fère-en-Tardenois, sera transféré à Sachsenhausen d’où il sera libéré en 1945.
Pierre Plaie, né le 15 juin 1921 à Villers-en-Prayères et domicilié à Jaulgonne, décédera le 12 juillet 1944 au camp de Neuengamme.
Georges Thunière, né le 11 mars 1903 à Ronchères et domicilié à Fère-en-Tardenois, sera affecté au kommando de Hannover-Stöcken et décédera le 8 avril 1945 à Bergen-Belsen.
Paul Vincent, né le 10 octobre 1908 à Villers-sur-Fère, sera lui aussi affecté au kommando de Hannover-Stöcken et mourra d’épuisement le 13 avril 1945 à Bergen-Belsen.
Avec eux sera également déporté le 4 juin 1944 un ouvrier-ajusteur de la SNCF et résistant F.T.P. : Raymond Maurice Weil, né le 13 avril 1907 à Château-Thierry. Arrêté le 27 mars 1944 par la Feldgendarmerie sur dénonciation, il avait été incarcéré tout comme eux à Saint-Quentin. Inculpé d'espionnage, il sera quant à lui affecté au kommando de Salzgitter-Watenstedt pour les aciéries Stahlwerke Braunschweig à la fabrication de munitions, où il décèdera le 15 avril 1945.
Les hommes ne seront toutefois pas les seuls à être les victimes de la répression nazie, et plusieurs femmes du sud du département de l’Aisne eurent aussi à supporter les souffrances de la déportation au début de l’année 1944. La première d’entre elles fut Albertine Henry, née le 19 juin 1910 à Viels-Maisons. Déportée du camp de Royallieu le 31 janvier 1944 à destination du camp de Ravensbrück, elle y trouvera la mort le 15 septembre 1944. Le 13 mai 1944, un train parti du fort de Romainville à destination du même camp emportera Yvette Leroy, née le 5 janvier 1918 à Veuilly-la-Poterie et Yvette Renac, militante communiste née le 1er février 1922 à Viels-Maisons. Si la première mourut en déportation le 21 février 1945, la seconde, affectée au kommando de Hannover du camp de Neuengamme, pourra être libérée le 10 avril 1945 et témoignera de sa déportation tout au long de sa vie. Le 8 juin 1944 enfin, ce sera Mariette Roblin Andrillo, née le 3 juillet 1906 à Licy-Clignon qui sera déportée de Paris à destination de Sarrebrück (Neue Bremm). Affectée au camp de Ravensbrück puis Buchenwald (kommando de Leipzig), elle sera rapatriée en mai 1945.
Les résistants déportés après le débarquement allié
L’annonce du débarquement allié entraîne au mois de juin 1944 une recrudescence de l’activité des résistants. En effet, afin d’entraver au maximum le déploiement des réserves opérationnelles allemandes vers la Normandie où doit avoir lieu le débarquement, différents plans ont été élaborés par les Alliés, ces plans visant à paralyser le réseau ferroviaire mais aussi les réseaux routiers, téléphoniques et électriques par une série de sabotages. Le déclenchement de ces plans entraîne de nombreux sabotages et actions de la part de la Résistance, qui s’expose ainsi à de violentes représailles de la part de forces de sécurité allemandes toujours plus impitoyables dans leur répression. Malgré les bombardements alliés sur les voies ferrées qui entravent la circulation, le besoin en main-d’œuvre du Troisième Reich est tel que les trains de résistants déportés continuent de partir de Compiègne dans des conditions toujours plus dramatiques, comme c’est le cas le 2 juillet 1944 pour le « Train de la mort » resté tristement célèbre sous ce nom pour le nombre élevé de morts survenues durant le transport des déportés vers le camp de Dachau, par une forte chaleur et sans eau. Parmi ces déportés se trouvait notamment Louis Martin, né le 11 mars 1913 à Aÿ (Marne) et domicilié à Château-Thierry, qui décède durant le transport. Une semaine plus tard, ce sera au tour d’Eugène Dufresne, né le 4 août 1898 à Hautevesnes et domicilié à Château-Thierry, d’être déporté le 10 juillet 1944 vers la prison de Karlsruhe puis celle de Wolfenbüttel, d’où il sera rapatrié en avril 1945.
Le 15 juillet 1944, un nouveau train de déportés partira de Compiègne à destination du camp de Neuengamme, avec à son bord Guy Lagarde, né le 19 mars 1923 à Epernay (Marne) et domicilié à Château-Thierry, Léon Semblat, né le 5 juillet 1897 à Château-Thierry et André Vautier, né le 19 novembre 1908 à Marchais-en-Brie. Si les deux premiers seront rapatriés en mai 1945, le troisième aura un destin plus funeste : affecté au kommando de Bremen-Osterort, il décédera le 24 avril 1945 en rade de Lübeck à la suite du bombardement du cargo Thielbek par la R.A.F. Ils seront rejoints au camp de Neuengamme par Raymond Brayer, né le 31 décembre 1905 à Nogent-l’Artaud et déporté du camp de Royallieu le 28 juillet 1944. Affecté au kommando de Kaltenkirchen, il y décédera le 2 février 1945.
Le 9 août 1944, Lucien Pinneberg, né le 23 février 1896 à Château-Thierry, sera quant à lui déporté par le « Train fantôme » parti le 9 août 1944 de Bordeaux et qui arrivera à Dachau le 28 août 1944. Affecté au camp de Mauthausen, il décédera le 30 janvier 1945 à Melk (Autriche). Le 15 août 1944, Henri Charton, né le 24 janvier 1921 à Etampes-sur-Marne et domicilié à Château-Thierry, sera lui déporté de la gare de Pantin. Ce jeune ouvrier à la SNCF et résistant avait été arrêté par une patrouille allemande porteur d'un revolver américain. Interné à la prison de Laon, il avait été condamné à mort par le tribunal militaire de Laon, avant de voir sa peine commuée en 15 ans de forteresse. Transféré à la prison du Cherche-Midi puis à celle de Fresnes, il est déporté au camp de Buchenwald puis à celui de Dora (kommando de Ellrich). Transféré le 3 mars 1945 à Nordhausen mais déclaré inapte au travail, il décèdera le 6 mars 1944 à Bergen-Belsen.
La chasse aux résistants continue plus que jamais à la fin du printemps 1944, et les déportations qui suivent la plupart des arrestations se poursuivent de manière intense. Après avoir fait tomber le groupe de Fère-en-Tardenois, c’est le groupe de résistants de La Ferté-Milon qui subit une vague d’arrestations, sept de ses membres (Libération-Nord et O.C.M.) étant arrêtés dans la nuit du 6 au 7 juin 1944, incarcérés à la prison de Soissons puis déportés le 17 août 1944 par le convoi n° 79 à destination du camp de Buchenwald, qui sera le dernier train à quitter le camp de Compiègne-Royallieu :
Pierre Bellemère, né le 22 novembre 1912 à Villeneuve-sous-Thury (Oise), sera affecté au kommando du Neu Stassfurt et reviendra très affaibli de déportation.
André Lange, né le 11 février 1892 à Saints (Seine-et-Marne) et domicilié à La Ferté-Milon où il est gérant du café-hôtel de la Gare, sera affecté au kommando du Neu Stassfurt et sera rapatrié en 1945.
Guy Lasnier, né le 30 août 1923 à Paris (Seine) et domicilié à Mareuil-sur-Ourcq, réfractaire au S.T.O., rejoindra lui aussi les mines de sel de Neu Stassfurt et sera rapatrié le 8 mai 1945.
Raoul Minouflet né le 12 mars 1908 à Villers-Cotterêts et domicilié à Mareuil-sur-Ourcq où il est boucher, travaillera lui aussi au kommando de Neu-Stassfurt et sera rapatrié.
Les derniers déportés originaires du sud du département de l’Aisne recensés seront Pierre Adam, né le 9 mai 1926 à Armentières-sur-Ourcq, et Jacques Gilbert, né le 12 août 1926 à Cierges. Déportés le 29 août 1944 de Belfort, ils seront envoyés au camp de Neuengamme et affectés au kommando de Wilhelmshaven. Jacques Gilbert y succombera le 31 mars 1945 tandis que Pierre Adam décédera le 20 avril 1945 à Stade. A ces deux noms peut être ajouté celui de Roger Pannier né le 16 juillet 1914 à Château-Thierry, et dont le parcours mérite d’être évoqué car il endura les mêmes souffrances que les autres déportés. Prêtre mobilisé et fait prisonnier en 1940 au Stalag VI G, ses fonctions lui permettent de jouir d’une grande liberté de circulation. S’occupant des malades et démunis de l’hôpital des prisonniers de guerre, il organise avec d’autres prêtres le réseau Cologne-Rhénanie, qui aide les évadés dans la région de Cologne et effectue quelques sabotages. Arrêté le 13 juillet 1944, il est incarcéré à la prison de Brauweiler puis dans un camp près de Cologne. Interné au camp de Buchenwald le 17 septembre 1944, il sera affecté le 13 novembre 1944 au kommando de Zwieberge-Langerstein à la fabrication de V1. Transféré à Dachau en janvier 1945 avec cinq autres prêtres, il bénéficiera d’un régime spécial et côtoiera Edmond Michelet. Atteint par le typhus, il sera libéré le 29 avril 1945 de Dachau.
De la gare au camp de déportation
A ces noms qui sont autant d’histoires dans la chronologie des déportations, un parcours et un point de départ souvent similaires pour la plupart des résistants déportés : le camp de Compiègne-Royallieu. C’est là que le calvaire de la déportation commença, dès la sortie du camp où, après avoir touché dans le meilleur des cas une boule de pain, ils marchèrent lentement sous la surveillance de leurs gardiens, vers la gare où avait été formé un train composé de wagons de transport couverts du type « 40 hommes, 8 chevaux » dans lesquels ils allaient devoir s’entasser et tenter de survivre. L’un d’entre eux, Paul Coeuret, de Fère-en-Tardenois, rédigera à la demande de ses enfants le récit de ses treize mois de déportation, et les mots qu’il emploie permettent de mieux comprendre les souffrances qu’ils subirent :
"6 heures du matin, nous allons rester là-dedans pendant 3 jours ½ et 3 nuits dans une atmosphère épouvantable. Le convoi s’ébranle alors lentement. Au début, les camarades ne disent pas grand-chose. Il est convenu que pendant qu’une partie du wagon serait debout, l’autre partie serait assise. Il faut que je précise une chose : les volets d’aération de chaque wagon ont été grillagés ! L’air ne passe donc que très peu, et au bout d’une heure, cela devient irrespirable. Dans les premières heures, les gars ne sont pas trop rouspéteurs mais six heures après les plaintes commencent à se faire entendre. Certains pleurent puis se mettent à crier ; il est très difficile de les calmer. Au bout d’un certain temps, une voix s’élève et demande à tous d’être patients. Nous sommes tous dans la même situation et cette personne explique qu’il faut se calmer car si nous continuons ainsi, cela pourrait mal se terminer. J’ajoute aussi, que pour les 110 hommes du wagon, il a été mis une seule tinette pour les besoins naturels. Au bout de quelques heures, ce récipient est plein et l’atmosphère devient encore plus difficile. De temps à autre, nous essayons de voir où nous sommes, en traversant les gares et nous arrivons à nous apercevoir que nous prenons la grande ceinture de Paris. Une autre précision, à chaque extrémité des wagons, une sentinelle allemande armée est placée ceci pour déjouer les évasions qui pourraient être tentées. La première nuit va être très longue à passer et plusieurs incidents se produisent entre prisonniers. Il faut que chacun soit lucide et conscient de la situation, mais c’est très difficile à faire accepter par certains, surtout que la soif commence à se faire sentir."
Vue aérienne du Frontstalag 122 de Compiègne Royallieu
Comme beaucoup de déportés, Paul Coeuret parviendra à glisser un mot sur les rails à l’attention de sa mère, et celui-ci sera remis par un jeune homme anonyme, malgré les risques encourus. Après trois jours et demi et trois nuits à destination de l’Allemagne, les portes des wagons s’ouvrirent enfin quand ils arrivèrent au camp de Neuengamme :
"Nous sommes tous à moitié abrutis par ce voyage épouvantable, et très fatigués bien sûr, mais nous sommes à l’air et nous respirons quand même mieux. Il a plu, et l’air est frais ; il y a des flaques d’eau par terre et beaucoup ont l’idée d’essayer de boire mais les coups de schlague pleuvent à nouveau et devant nous un S.S. avec ses bottes piétine dans cette flaque en ricanant. C’est le commencement des brimades et il va falloir s’y habituer."
Après s’être vu attribuer une tenue de détenu et un numéro de matricule dans la logique de déshumanisation des déportés par leurs geôliers, c’est une routine de souffrances et d’espoir de survie que Paul Coeuret décrira dans ses souvenirs :
"Lever à 5 heures, un passage au lavabo où nous n’avons ni serviette ni savon, simplement un coup d’eau sur la figure pour nous réveiller. Un peu d’eau noire ressemblant à un ersatz de café que l’on boit en vitesse puis à nouveau rassemblement devant le block. Nouvelle attente, et des kapos (sorte de contremaîtres) nous désignent pour effectuer des corvées. Il est 6 heures du matin et jusqu’à midi il va falloir porter des briques dans nos mains. Il y a une construction en route et la main-d’œuvre que nous représentons ne coûte pas cher. C’est très fatigant car il y a 800 mètres à parcourir à chaque fois et il ne faut pas traîner en route car la schlague est un instrument de persuasion très efficace. A midi, une tranche de pain bis avec un morceau de margarine et repos pendant ½ heure. Puis reprise de la corvée jusqu’à 5 heures ½ du soir. Rassemblement à nouveau et nouvel appel pendant 2 heures. C’est vraiment le « marche ou crève » mais c’est la loi du camp."
Territoire stratégique pour les liaisons ferroviaires entre la région parisienne et l’Est de la France, il est important de rappeler que le sud du département de l’Aisne fut aussi malgré lui le théâtre de la déportation, les trains de déportés partant des gares du Bourget-Drancy et de Bobigny à destination des camps nazis en Allemagne de 1942 à 1944 passant par la voie ferrée de Paris-Est à Strasbourg-Ville, tandis que ceux partant de Compiègne passaient par Soissons ou Laon. La vallée de la Marne est donc aussi un chemin de mémoire de la déportation, et chaque année des commémorations ont notamment lieu à Fossoy pour se souvenir de Maurice Zelis, arrêté au cours de la rafle du vélodrome d’hiver et déporté du camp de Drancy le 19 juillet 1942 par le convoi n° 7 à destination d’Auschwitz. Celui-ci, à hauteur du passage à niveau de Fossoy, était parvenu lui aussi à jeter un message à l’attention de son petit frère Jacques depuis le train qui le conduisait vers l’Est. Recueilli par les époux Carron malgré les risques encourus, son message sera transmis à l’adresse qu’il avait indiquée. Maurice Zelis ne reverra cependant jamais son frère, puisqu’il sera tué le 28 septembre 1942.
Le 25 mai 1944, aux environs de Fossoy également, un train allemand sera mitraillé par un groupe de résistants. Les deux wagons de tête transportant 52 femmes résistantes vers le camp de Sarrebrück (Neue Bremm), quatre d’entre elles furent tuées et six blessées. Emmenées à l’Hôtel-Dieu de Château-Thierry pour y être soignées, Thérèse Bailly, Marie Cararbaye, Marie-Louise Cressent-Olin, Emilienne Delys Le Bel, Antoinette Falliero et Marie Lambert parviendront ensuite à s’évader le 6 août 1944 grâce à l’aide de la Résistance et seront cachées notamment chez Yolande et Pierre Dubois à la ferme d’Artois à Beuvardes et chez Marie et Paul Grausem à Essômes-sur-Marne.
Les déportés raciaux du sud de l’Aisne et les « Justes parmi les Nations »
L’exemple de Maurice Zelis rappelle que tous les déportés n’étaient pas que résistants ou otages, et en France comme dans tous les territoires occupés, de nombreuses minorités furent aussi persécutées, arrêtées puis déportées, à commencer par la communauté juive, avec la coopération de l’Etat français. Obligés d’être recensés dès octobre 1940 par ordre du commandement militaire allemand puis interdits d’exercer certaines professions par le régime de Vichy, les Juifs, dès 6 ans, sont contraints par les autorités allemandes à porter l’étoile jaune à partir du 29 mai 1942. Victimes des rafles dès 1941-1942, on estime que près de 76 000 Juifs sur 320 000 vivants en France furent déportés au cours de la Seconde Guerre mondiale. Pour survivre, beaucoup n'eurent d’autre choix que de se cacher comme ce fut le cas de la famille Weil à La Ferté-Milon :
Maurice Weil, né le 12/11/1890 à Meaux (Seine-et-Marne), époux de Zélie.
Zélie Salomon (épouse Weil), née le 29/10/1890 à Charleville-Mézières (Ardennes), épouse de Maurice.
René Weil, né le 25/02/1925 à Mouzay (Meuse), fils de Maurice et Zélie.
Simone Weil, née le 18/11/1920 à Mouzay (Meuse), fille de Maurice et Zélie.
Alfred Salomon, né le 15/05/1862 à Mouzay (Meuse), père de Zélie.
Florestine Salomon, née le 05/12/1868 à Etain (Meuse), mère de Zélie.
Réfugiés au 10 rue de la Cité, face au presbytère de La Ferté-Milon, ils sont arrêtés le 4 janvier 1944 par le Sipo-SD de Saint-Quentin au cours d’une rafle qui touche toute la Picardie. Ils sont ensuite internés deux jours à la prison de Château-Thierry, où est également conduit Alphonse Scheuer, né le 18 juillet 1872 à Consenvoye (Meuse) et arrêté le même jour pour les mêmes raisons. Transférés le 6 janvier au camp de Drancy, ils seront déportés le 20 janvier 1944 dans le convoi n° 66 qui conduira 1 153 déportés (539 femmes et 614 hommes) jusqu’au centre d’extermination et de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau.
Si de nombreux hommes et femmes juifs ne parvinrent pas à se soustraire aux arrestations de la police allemande, certains réussirent à se cacher ou à mettre à l’abri leurs enfants grâce des personnes de bonne volonté que le mémorial de Yad Vashem distinguera à partir de 1963 du nom de « Justes parmi les Nations ». On compte ainsi plusieurs enfants qui furent cachés durant l’occupation dans l’arrondissement de Château-Thierry :
A Château-Thierry, la petite Lilya Goldsztajn, dont les parents Szmul et Genendel Goldsztajn ont été arrêtés à Paris et déportés à Auschwitz, avait été confiée à l’assistance publique. Voisins d’immeuble, Simone et Lucien Faille décident de l’adopter et la conduisent chez les parents de Lucien à Château-Thierry, où Lilya pourra retrouver sa mère Genendel le 15 mai 1945. Simone et Lucien Faille seront reconnus « Justes parmi les Nations » en 2011.
A Mont-Saint-Père, Jean Golgevit, fils de Chaïm et Eva Golgevit, sera accueilli par Claire et son époux Marcel Levavasseur, aiguilleur à la gare de Château-Thierry, qui recueillaient régulièrement avec leur fille Liliane, des enfants placés. Le père de Jean Golgevit était alors prisonnier de guerre, sa mère sera déportée à Auschwitz, mais il pourra les retrouver en 1945. Il deviendra un musicien reconnu. Claire et Marcel Levavasseur seront quant à eux reconnus « Juste parmi les Nations » en 2013.
A Courmont, Maurice et Charles Edelman, relâchés avec leur mère après la rafle du Vel’ d’Hiv’, sont conduits par celle-ci à Fère-en-Tardenois avec leurs cousins Bernard et Jean Horyn. Elle les confie à Joseph Rasseneur, agriculteur-producteur de vin à Courmont qui va les protéger avec son épouse Louise jusqu’à la Libération, les faisant passer pour des neveux dont le père était prisonnier en Allemagne. Ils pourront retrouver leur mère tandis que Louise et Joseph Rasseneur seront reconnus « Justes parmi les Nations » en 2003.
Un monument pour la mémoire des déportés
Noyés dans le flot des rapatriés, des prisonniers de guerre, des requis du S.T.O., les déportés libérés à l’issue de la guerre arrivèrent dans une France déjà libérée depuis plusieurs mois et l’accueil qui leur fut réservé était mitigé. Peu de personnes étaient prêtes à croire ce qu’ils avaient enduré et leur mémoire fut difficile à faire entendre, c’est pourquoi des projets de monuments virent le jour afin que leur vécu ne soit pas oublié. Inauguré en juin 1953 en présence des familles de disparus et des anciens résistants de Château-Thierry, ce monument réalisé par souscription publique à l'initiative du comité local de la Fédération Nationale des Déportés Internés Résistants et Patriotes (F.N.D.I.R.P.), rend hommage aux déportés de Château-Thierry et à travers eux, à l'ensemble des déportés de l'arrondissement de Château-Thierry.
Cette œuvre fut réalisée par Antoine Rohal (1905-1978), sculpteur français d’origine hongroise et élève d’Antoine Bourdelle. Résistant durant la Seconde Guerre mondiale, Antoine Rohal réalisa notamment en 1950 le monument aux fusillés de Châteaubriant. A Château-Thierry, il chercha à représenter la tête sculptée d’un déporté avec l’inscription « Souviens-toi ! » accompagnée de la liste des noms des camps où périrent de nombreux déportés. La permanence du lien avec les camps est également sensible puisqu’une urne contenant de la terre des camps nazis est placée à la base de cette stèle.
Chaque année, le dernier dimanche d’avril, jour du souvenir de la déportation, une cérémonie de recueillement permet, en présence des autorités civiles et politiques, des associations d’anciens combattants et des descendants de résistants et déportés, d’honorer leur mémoire. Le 27 mai 2025, à l’occasion de la Journée nationale de la Résistance, une borne du réseau Aisne Terre de Mémoire mis en place par le Département de l’Aisne a été inaugurée afin de valoriser ce monument et l’histoire des hommes et des femmes qu’il honore.
Nos remerciements à M. Freddy Dussart et M. Stéphane Amélineau pour leur aide dans les recherches sur la famille Weil-Salomon, et pour leur implication dans la mémoire des victimes de la Shoah de l’Aisne.