Publié le 05 mai 2022 - Mis à jour le

Les combats de Mondrepuis 17 mai 1940

À l’aube du vendredi 10 mai 1940, après huit mois d’attente qui lui ont permis d’achever ses plans d’invasion, la Wehrmacht déclenche une offensive sur le front de l’Ouest. 

 

Colonne de chars de la 8e PzD dans l’Aisne en mai 1940. © Arch. dép. de l’Aisne, 2 Fi 19

Tandis que les meilleures unités de l’armée française s’élancent à leur rencontre en Belgique, c’est à travers les Ardennes que l’essentiel des divisions blindées allemandes s’élance, atteignant la Meuse à Dinant, Monthermé puis Sedan le 12 mai. Le lendemain, la rivière est franchie et les contre-attaques françaises du 14 mai sont un échec. Le 15 mai, les premiers éléments blindés de la Wehrmacht atteignent Rozoy-sur-Serre puis Montcornet : le département de l’Aisne est à nouveau touché par la guerre.

Les blindés allemands foncent vers l’Ouest

Très rapidement la Thiérache devient le goulot d’étranglement d’une grande partie du corps de bataille allemand, les 1ère, 2e, 6e puis 10e Panzerdivisionen (PzD) descendant les vallées de la Serre et de l’Oise, par Vervins et Guise. Leur objectif : foncer résolument vers l’Ouest, au-delà de l’Oise et de la Somme, pour gagner au plus tôt le littoral de la Manche et couper les armées alliées en deux. Tandis que le Grand Etat-Major de l’armée française tente de rassembler des forces pour leur interdire toute progression, ce qu’il reste des divisions de la 9e armée française se replie de Belgique. Ces troupes exténuées ne peuvent tenir très longtemps face à la puissance mécanique de leur adversaire.

La percée allemande en Thiérache

Le 16 mai, une nouvelle division blindée allemande, la 8e Panzerdivision du général Kuntzen, surgit des Ardennes et par Aubenton, roule en direction d’Hirson dont les lisières sont atteintes à la tombée de la nuit. Au même moment, les débris des divisions françaises envoyées en hâte en Belgique se replient, sans savoir que des blindés allemands s’apprêtent à surgir derrière eux. Sur les routes du nord de l’Aisne on croise alors des états-majors sans troupes ou des unités qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, à l’instar de la 4e division d’infanterie nord-africaine (DINA), dont le commandant, le général Sancelme, s’installe à Mondrepuis pour tenter de coordonner les mouvements de ses régiments dispersés entre Anor et La Capelle.

La mise en défense de Mondrepuis

Ayant reçu l’ordre de se porter à La Capelle et de tenir la ville au moins 24h pour y ralentir l’adversaire, le général Sancelme quitte Mondrepuis le 16 mai dans la soirée, tandis que des éléments des 23e et 25e régiment de tirailleurs algériens (RTA) parviennent jusqu’à Mondrepuis et Clairfontaine avec ordre d’y résister sur place. Avec quelques éléments de ces régiments nord-africains, quelques pièces d’artillerie et la section de chars R-35 du 32e BCC du lieutenant Duboe, le capitaine Alliaume organise la défense de Mondrepuis, et fait dresser des barricades dans les rues et des retranchements dans certaines maisons, dont le bureau de poste.

Une longue journée de combats acharnés

Le 17 mai, à Mondrepuis, dès les premières heures, des bombardiers en piqué Stukas viennent harceler les positions françaises, tandis que des motocyclistes allemands lancent des reconnaissances pour évaluer leurs forces. Rassemblée sur la route d’Hirson à La Capelle, une colonne de la 8e PzD. donne l’assaut au village en milieu de matinée mais est repoussée dans la rue principale par les canons antichars français de 25 mm qui détruiront plusieurs blindés allemands durant la journée. Durant toute l’après-midi, les blindés allemands tentent à plusieurs reprises d’avancer mais les tirailleurs se défendent avec acharnement, soutenus par les chars du 32e BCC qui détruisent quatre blindés, non sans pertes. Ne pouvant prendre le village, les troupes allemandes décident d’effectuer un bombardement d’artillerie qui cause de nombreux dégâts au village, notamment à l’église. En fin d’après-midi, une nouvelle attaque conduit à de violents combats qui se terminent au corps-à-corps, et c’est ainsi que s’achève la résistance héroïque des Nord-Africains dans Mondrepuis.

Conclusion

Méconnus, les combats menés à Mondrepuis sont pourtant parmi les plus violents de Thiérache en mai 1940, et l’un des symboles de l’engagement des troupes nord-africaines durant cette campagne, puisque 314 combattants algériens, marocains ou tunisiens sont « Morts pour la France » dans l’Aisne entre le 10 mai et le 13 juin 1940. A l’instar des combats menés par les fantassins français au carrefour de l’Etoile, en forêt de Saint-Michel, ils sont un exemple des tentatives de combats retardateurs menés par l’armée française afin de redresser une situation militaire déjà fort compromise.

A VOIR A PROXIMITE

Non loin de Mondrepuis, en forêt de Saint-Michel-en-Thiérache, au carrefour de l’Etoile sur la route départementale 1050 en direction de Macquenoise (Belgique), vous pouvez également voir un autre monument concernant les combats de 1940 dans l’Aisne.

Ce monument, en pierre bleue de Thiérache, fut inauguré en 2003 à l’initiative de l’Association Saint-Michelloise du Souvenir de Mai 1940, et rend hommage aux vingt-quatre combattants français morts au cours des combats des 16, 17 et 18 mai 1940 en forêt de Saint-Michel, ceux-ci appartenant principalement aux 18e, 22e et 61e divisions d’infanterie alors en repli.

De là vous pourrez également emprunter un circuit forestier vers les blockhaus construits par la France à proximité de la frontière pour prolonger la ligne Maginot, et sur lesquels l’armée française s’appuya pour tenter de résister en mai 1940.

Diaporama - Combats de Mondrepuis 17 mai 1940